Les intentions artistiques d’un projet peuvent soulever certains enjeux sur le plan technique, notamment sur l’emplacement du public, des participants, des caméras, des surfaces de projection, du mobilier, ainsi que de leur différentes configurations au sein de l’espace de captation. Afin de bien répondre à ces problématiques, l’équipe technique doit établir une bonne communication avec l’équipe artistique, et ce, dès le début. À la lumière des besoins émis par l’équipe artistique dans un devis technique, la technique doit alors valider que l’espace exploité permet de répondre adéquatement à ceux-ci :
Certains critères d’espace doivent être pris en compte, selon la nature du projet. Par exemple, quels sont les dimensions de la scène? L’ajout de praticables est-elle nécessaire? Doit-on installer la régie télématique à un endroit particulier? L’emplacement des surfaces de projections, de l’éclairage et des caméras, selon leur champ de captation, est-il physiquement réalisable? Le projet a-t-il besoin d’accessoires ou de mobilier additionnel?
Ces questions auront notamment une grande influence sur l’espace requis et sa configuration.
Un autre critère tout aussi important est la capacité d’accueil maximale de l’endroit, selon le format privilégié. Par exemple, si on souhaite une grande mobilité des participants ou du public, il serait peut-être préférable d’opter pour un espace plus ouvert, voire de situer le public au sol, sur le même niveau que les participants. Enfin, selon l’assistance attendue, l’espace choisi doit évidemment permettre d’accueillir ce nombre de façon sécuritaire.
L’emplacement du public et des participants aura une incidence notable sur l’emplacement des différents équipements nécessaires. L’une des considérations importantes est la distance séparant les caméras et les projecteurs de la régie vidéo ou télématique, notamment afin de déterminer le type de liaison à adopter (HDMI, coaxiale, Ethernet ou autre) et si on doit avoir recours à des adaptateurs ou des convertisseurs de signal vidéo. En effet, les différents types de liaisons n’ont pas tous la même portée.
Par exemple, avec un câble de type HDMI 2.0, qui supporte une résolution allant jusqu’à 4K, il est déconseillé d’avoir une liaison de plus de 10 m distance. Les liaisons employant la norme SDI, généralement composées d’un câble de type coaxial et de connecteurs BNC, sont à privilégier pour les usages professionnels. Ils permettent de parcourir des distances nettement plus grandes qu’une liaison HDMI, allant de 25 m jusqu’à plus de 200 m, selon la qualité du câblage et la résolution du signal vidéo transmis.
Bien qu’il existe un nombre très grand nombre de possibilités, le tableau suivant présente quelques exemples communs pour différents types de liaisons, à titre indicatif :
Type de liaison | Débit de transmission | Distance maximale |
---|---|---|
HDMI 2.0 | 18 Gbps | Environ 10 mètres |
3G-SDI | Jusqu’à 12 Gbps | De 25 à 100 m, selon qualité du câble. |
USB 2.0 | 480 Mbps | ±4,5 m(passif); ±25 m (passif + rallonge active); ±29 m (actif); de 60 à 100 m (rallonge Ethernet) |
USB 3.0 | ±5 Gbps (1ère gen.); 10 Gbps (2e gen.); 20 Gbps (2e gen. x2) | ±3 m (passif); ±15 m (passif + rallonge active); ±18 m (actif); de 60 à 100 m (rallonge Ethernet) |
USB 4.0 | 40 Gbps | ±0,8 m (passif); ±3 m (actif) |
Ethernet (Cat 6A) | 1 Gbps à 10 Gbps | 100 m |
MIDI (DIN) | ±4 Kbps par direction | De 6 à 15 m, selon qualité du câble. |
À noter qu’un débit USB 3.0 ou 4.0 n’est effectif que lorsque la liaison est de type USB 3.0 de bout en bout. Par exemple, un ensemble de liaisons de type USB 2.0 transitant par concentrateur connecté à un ordinateur en USB 3.0, n’obtiendra pas un débit de transmission plus élevé que l’USB 2.0 – à l’intérieur du concentrateur, les flux USB 2.0 transitent généralement sur un bus USB 2.0 parallèle et non sur le bus USB 3.0.
Dans le cas où certains signaux proviennent de ou transitent via d’autres appareils (ordinateur d’artiste, contrôleur MIDI, etc.) situés à un endroit éloigné de la régie télématique, il est important de s’assurer que le type de liaison permet la transmission adéquate des signaux. Dans le cas contraire, il faudrait alors prévoir une connexion alternative. Par exemple, si l’on souhaite transmettre des données MIDI provenant de la régie télématique vers un ordinateur ou contrôleur éloigné (et inversement) et que la distance entre ceux-ci excède les 6 m – voire 15 m pour les câbles de grande qualité – il serait alors préférable d’opter pour un mode de transmission réseau, tel que l’OSC ou le RTP-MIDI, transmis par câble Ethernet, ou sans-fil (Bluetooth ou Wi-Fi). Dans tous les cas, il faut prévoir les besoins en termes d’adaptateurs, de convertisseurs ou d’extensions nécessaires au bon fonctionnement des liaisons entre les équipements.
Il existe plusieurs types d’éclairages, et dans un contexte de téléprésence, leur choix sera surtout déterminé en fonction du sujet de la captation vidéo, de l’emplacement des surfaces de projection et, dans une moindre mesure, de la présence du public. D’autre part, certain types d’éclairages sont plus efficaces à courte distance des sujets, tandis que d’autres fonctionnent mieux lorsqu’ils sont éloignés :
Tungstène ou halogène :
Ce type de lampe produit une lumière de couleur jaune orangée, mais des filtres de couleurs peuvent être ajoutés selon le résultat souhaité. Ces lampes dégagent toutefois beaucoup de chaleur. C’est pourquoi il est préférable de porter des gants épais lorsqu’on doit les ajuster et de les garder relativement loin des sujets;
HMI :
Ce type d’éclairage projette une lumière continue et équilibrée, similaire à celle naturelle du jour, procurant netteté et relief sans trop contraster;
Fluorescent :
Tout comme les lampes tungstènes, on peut y ajouter des filtres de couleurs, mais contrairement à ces dernières, elles chauffent peu, sont plus légères et donc plus pratiques. Leur lumière étant uniforme et diffuse, elles sont généralement placées plus près des sujets;
LED :
Tout comme les fluos, ce type d’éclairage dégage peu de chaleur et consomme moins d’énergie que les lampes tungstènes. On peut également y ajouter des filtres de couleur et modifier leur intensité lumineuse. Le rendu demeure toutefois artificiel, à l’instar d’un éclairage d’intérieur.
Types d’éclairage | Avantages | Limitations |
---|---|---|
Tungstène ou halogène | Ajout de filtres de couleur; intensité lumineuse ajustable; peu dispendieux | Lumière jaune-orangée; dégage beaucoup de chaleur = éloignée des sujets; faible efficacité (10 à 30 lm/W) |
HMI | Lumière naturelle; peu dispendieux; bonne efficacité (80 à 120 lm/W) | Requiert une vitre de protection contre les rayons ultraviolets; durée de vie limitée (~1000 heures) |
Fluorescent | Ajout de filtres de couleur; dégage peu de chaleur; lumière uniforme; intensité lumineuse ajustable; peu dispendieux; bonne efficacité (80 à 115 lm/W) | Lumière diffuse (éclairage à 360°) = à proximité des sujets; plus encombrant que les LED |
LED | Ajout de filtres de couleur; dégage peu de chaleur; peu énergivore; intensité lumineuse ajustable; forte luminance; excellente efficacité (150 à 215 lm/W) | Lumière artificielle; plus dispendieux |
Pour une captation vidéo d’intérieur, l’éclairage en trois points est la stratégie la plus couramment utilisée. Elle consiste à placer au moins trois sources lumineuses pointées vers la zone de captation vidéo : la lumière principale est habituellement placée à un angle de 45° par rapport à l’axe de la caméra, situé en hauteur et légèrement incliné en plongé, et doit aussi avoir une intensité lumineuse supérieure aux deux autres sources; la lumière secondaire (ou de remplissage) sert à réduire l’effet d’ombrage, possiblement causé par la lumière principale. Elle aura une intensité lumineuse plus faible que la source principale et sera placée à un angle d’environ 45° de l’autre côté de l’axe de la caméra; la lumière arrière sert quant à elle à détacher le ou les sujets de l’arrière plan. Son angle de rayonnement n’est pas aussi important que les autres, mais il faut tout de même en tenir compte si l’espace est capté par plus d’une caméra.
La présence d’un sujet test pouvant se déplacer au sein du champ de captation facilitera les réglages de position, d’angle, d’intensité ou d’effet de chaque lumière. Pour obtenir un éclairage plus diffus, la lumière peut être plutôt dirigée sur un mur ou fond blanc. Si cela n’est pas possible, l’emploi d’un filtre dichroïque – filtre translucide ou réflecteur, blanc ou de couleur variable selon l’ambiance souhaitée – placée dans le projecteur est idéal.
Il faut toujours s’assurer de porter une attention particulière aux reflets en tout genre (lunettes, objets brillants, etc.), soit en déplaçant ou en rehaussant légèrement les projecteurs.
Enfin, il faut s’assurer que tout projecteur soit placé à un endroit sécuritaire et ne soit pas un obstacle au bon déplacement des sujets ou de la vue du public, s’il y a lieu.