Le terme téléprésence est formé du préfixe « télé », provenant du terme grec tễle qui signifie « loin » ou « à distance », et du mot « présence »; la téléprésence se résume donc à une sensation de présence, éprouvée par un corps sensible, avec un autre lieu ou corps, et ce, malgré une distance physique.
La téléprésence fait référence à plusieurs techniques qui permettent à une personne d’avoir l’impression d’être présente, de donner l’impression d’être présente, ou d’avoir un effet à un endroit autre que son emplacement réel. Elle requiert que les sens de l’utilisateur, ou des utilisateurs, soient soumis à des stimuli qui donnent l’impression d’être sur un site distant. En plus de cela, l’utilisateur peut avoir la possibilité d’agir sur ce site distant. Dans ce cas, la position de l’utilisateur ainsi que ses mouvements, actions, ou paroles peuvent être perçues, transmises et dupliquées vers la destination voulue pour mettre cet effet en action. De ce fait, l’information peut voyager à double sens entre l’utilisateur et l’emplacement distant.
WIKIPÉDIA
Pour appliquer ce principe, la téléprésence dépend généralement d’un dispositif technique offrant :
Dès lors, la téléprésence advient par la création d’un espace médiatique de rencontre et d’échange virtuel, rendu possible par un dispositif technique capable de capter, transmettre et diffuser en temps et en taille réels des stimuli - surtout audiovisuels - entre plusieurs espaces ou individus physiquement distants.
La sensation de présence est souvent rendue possible par les qualités immersives d’un dispositif technique capable de reproduire certains stimuli sensoriels.
Il est toutefois important de bien distinguer la sensation de présence de l’immersion par les sens, car ces phénomènes, quoique favorables, sont néanmoins contingents.
On dit d’une chose qu’elle est immergée dans un fluide en opposition à une situation
tacitement considérée comme plus commune dans laquelle la chose ne serait pas immergée. L’immersion advient dès lors relativement à une configuration habituelle, comme la représentation advient relativement à la présentation.
Bruno TRENTINI (2014)
Si à l’origine le terme immersion désigne le passage d’un corps d’un milieu gazeux (l’air) vers un milieu liquide (l’eau), son sens dérivé est généralement transposé à un point de vue subjectif, où un individu sensible, déjà présent dans un milieu ou une configuration qu’il perçoit comme étant habituel, passe à un milieu ou une configuration qu’il perçoit comme étant inhabituel.
Un individu présent dans un contexte qu’il perçoit comme inhabituel est par conséquent amené à s’y adapter en reconfigurant sa façon de percevoir et d’interagir avec cet environnement.
Du point de vue subjectif, une telle reconfiguration passe par un contact avec les sens qui permet à l’individu de prendre acte et conscience de la familiarité d’une situation ou du milieu dans lequel il se trouve. Par habituation et à force de répétitions, il se forme une nouvelle convention, un nouveau code par lequel la perception des stimuli ou sensations se trouve substituée par des étiquettes. C’est alors qu’un même stimulus peut être perçu différemment, selon son contexte d’apparition, et identifié en conséquence, selon le code établit.
Ainsi, une expérience de l’immersion est une expérience esthétique dans la mesure où la rencontre de deux mondes différents, différents relativement aux moyens de perceptions mis en jeu, induit un jugement réfléchissant permettant au sujet de prendre conscience de la flexibilité de sa perception.
Bruno TRENTINI (2014)
Il y a deux facteurs essentiels qui contribuent à créer une expérience immersive :
L’immersion, c’est donc la capacité d’accéder à un univers proposé et de rendre cet univers accessible à soi-même.
Le terme « présence », en contrepartie, est fréquemment employé pour désigner un effet cognitif produit par une technologie particulière (Auvray et al., 2005 et Lombard et Ditton, 1997) qui permet d’envelopper un ou plusieurs sens chez un individu.
Grâce à un dispositif technologique, un sujet peut éprouver un sentiment de présence dans un environnement proposé, dans la mesure où ce dernier le perçoit comme étant différent de celui où il se trouve actuellement présent.
Mais attention, l’immersion physique, par l’enveloppement plus ou moins grand des sens, n’entraine pas nécessairement un sentiment de présence en tant qu’« illusion perceptuelle de non-médiation » (Lombard et Ditton, 1997). L’effet de présence est plutôt une conséquence psychologique pouvant, notamment, être induite par une stimulation des sens, à travers des conditions sensorielles particulières, soit l’immersion.
L’immersion est donc avant tout un phénomène actuel – lié aux conditions sensorielles d’un environnement immédiat et à leur appréhension par les sens – où « l’activation de l’attention du sujet est produite directement par son environnement » (Guelton, 2014) et où la perception et l’action s’y trouvent étroitement corrélées.
Ce phénomène doit être distingué de la présence, effet psychologique propre à la conscience des individus de se sentir présent dans un environnement virtuel – aussi perçu comme réel –, en tant qu’illusion de non-médiation rendue possible par l’entremise d’un dispositif technique (Slater et Wilbur, 1997).
Ces deux phénomènes peuvent se renforcer mutuellement, mais ne sont pas nécessaires l’un à l’autre : on peut se sentir présent dans un environnement virtuel ou avec des personnes distantes, sans que les condition sensorielles soit parfaitement transparentes (réalistes) pour autant; inversement, ce n’est pas parce qu’un dispositif technique permet de simuler certains stimuli de manière transparente et réaliste que le sujet se sentira nécessairement présent dans un « ailleurs » virtuel.
Dans un contexte d’échanges ou de rencontres virtuels, rendus possibles par des moyens techniques, la sensation de présence implique qu’il y ait d’abord un détachement, un écart, une distance, une médiation, une simulation, une substitution du corps des individus entre leur espace physique immédiat et celui non immédiat (médiat) où se situerait d’autres individus.
Autrement la présence ne serait plus seulement qu’une sensation, mais serait un fait :
La téléprésence advient par la création d’un espace médiatique de rencontre et d’échange virtuel, rendue possible par un dispositif technique capable de capter, transmettre et diffuser en temps et en taille réels des stimuli - surtout audiovisuels - entre plusieurs espaces ou individus physiquement distants.
Aujourd’hui, les dispositifs de téléprésence connectent par Internet des lieux distants et favorise les rencontres et interactions en temps réel entre ceux-ci. Par une installation immersive, on peut donner la sensation qu’un lieu se prolonge dans l’autre. Les groupes distants peuvent se voir,se parler, interagir et collaborer à distance, comme s’ils étaient dans le même espace. Ainsi, la téléprésence repose essentiellement sur la transmission bidirectionnelle et simultanée de flux audiovisuelles, en temps et en taille réel.
Appliquée aux arts vivants, un dispositif de téléprésence scénique offre la possibilité de créer une oeuvre distribuée entre différents lieux de diffusion où des artistes et des publics distants peuvent se rencontrer.
La téléprésence scénique se distingue de la téléprésence par vidéoconférence - application plus commune de la vie courante - par l’immersivité du dispositif technique et par le fait qu’elle ne se contente plus de simplement partager le son et l’image en plan rapproché (poitrine) d’un seul individu par lieu, mais plutôt celui d’un ou plusieurs individus en plan moyen, voire d’une partie d’un espace scénique, et de l’afficher en taille réelle (1:1), c’est-à-dire selon des proportions à échelle humaine.
Pour ce faire, un tel dispositif devrait permettre :
Fondée en 1996, la Société des arts technologiques [SAT] est une organisation à but non lucratif reconnue internationalement pour son rôle actif et précurseur dans le développement de technologies immersives, de la réalité virtuelle et l’utilisation créative des réseaux à très haut débit.
Des stations de téléprésence relient l’espace devant l’entrée du Musée d’arts contemporain de Montréal (MAC) avec la Place d’Youville à Québec. Ce concept de Luc Courschesne et Monique Savoie permet aux passants de deux villes d’échanger des messages.
Le Metalab est le laboratoire de recherche et développement de la SAT. Formé en 2002, sa mission est de stimuler l’émergence d’expériences immersives innovantes et de rendre leur conception accessible aux artistes et aux créateurs à travers un écosystème de logiciels libres.
Dans le cadre de CODE, l’édition numérique de l’Olympiade culturelle de Vancouver 2010, la Société des arts technologiques [SAT] a présenté Breaking the Ice, une installation de téléprésence audio-tactilo-visuelle invitant les passants aux abords de la Grande bibliothèque (Montréal) à interagir avec les gens présents aux Jeux olympiques d’hiver de Vancouver 2010.
La mise en place de ces socles de communication interactifs uniques est le fruit d’une collaboration entre les chercheurs et designers de la SAT (Métalab) et l’artiste Paul Warne. Warne avait été chargé de concevoir une interface originale permettant à l’utilisateur de déconstruire un visage humain au moyen d’un casse-tête virtuel.
Le principe était de se placer devant un «miroir» virtuel et de «briser la glace» pour reconstruire et découvrir le visage de la personne se trouvant derrière - en fait à l’autre bout du pays (Vancouver) - et pouvoir échanger avec elle.
Cette technologie de pointe est une intégration des logiciels Scenic (protoype) et SPIN, deux programmes développés par le projet de recherche Métalab, et utilise des connexions à très haut débit disponibles via des réseaux de fibre optique efficaces.
Fondé en 2018, le département de Valorisation de la recherche mobilise les technologies libres issues du Métalab, le laboratoire de recherche et développement de la Société des Arts Technologiques [SAT], pour développer des projets à portée sociale ou artistique avec des partenaires variés. Situé au croisement de la recherche appliquée et de la préproduction commerciale, le département met l’accent sur l’utilisation et le développement de logiciels libres et sur une méthodologie de laboratoire vivant qui fait une large place aux utilisateurs finaux et à l’expérimentation.
Bibliolab est en quelque sorte une version simplifiée et précurseure au dispositif de téléprésence Scenic dans sa forme actuelle :
Le dispositif Bibliolab est symétrique et permet d’accueillir deux formats d’activité :
La station Scenic permet de connecter des équipements multimédia de qualité professionnelle, tels que des projecteurs et écrans vidéo, des micros, une console de son et des haut-parleurs amplifiés, des contrôleurs par données MIDI ou OSC, pour capter, reproduire et diffuser des flux audiovisuels, selon une scénographie adaptée.
L’application Scenic permet la transmission et la réception en temps réel et en haute définition des flux audio et vidéo, ainsi que des données MIDI et OSC. Avec une connexion internet fiable et à débit élevé, des espaces géographiquement éloignés peuvent ainsi se connecter et produire des événements scéniques en téléprésence.
Aperçu de l’interface Scenic 3
Aperçu de l’interface Scenic 4
Lancé en septembre 2017, le réseau Scènes Ouvertes comprend aujourd’hui 23 salles de spectacle et espaces de médiation culturelle, réparties sur l’ensemble du territoire québécois. Initié par la Société des arts technologiques [SAT], le réseau s’inscrit dans le Plan culturel numérique du Québec du ministère de la Culture et des Communications (MCC).
Chaque espace membre du réseau Scènes Ouvertes possède une station Scenic. Ces dispositifs mobiles sont notamment équipé d’un système informatique exploitant l’application Scenic, développées par la département de la Valorisation de la recherche de la SAT.
Contrairement à la diffusion web, la technologie Scenic permet aux espaces équipées de cette station de concevoir, créer, collaborer et diffuser des activités ou événements en téléprésence, conjointement avec les autres espaces membres du réseau.
En plus de la station Scenic, les membres du réseau Scènes Ouvertes bénéficient d’une offre de service d’aide-conseil pour l’accompagnement de projets en téléprésence scénique, de soutien technique ainsi que de formation pour l’opération autonome des stations Scenic.
Ville | Organisme |
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Alma | Ville d’Alma Spectacles |
Gaspé | C.D. Spectacles inc. |
Joliette | Centre culturel de Joliette |
L’Assomption | Diffusion Hector-Charland |
Laval | Laval Co-Motion - Corp. Salle André Mathieu |
Matane | Kaméléart Matane inc. |
Montmagny | Les Arts de la scène de Montmagny |
Montréal | Place Des Arts |
Montréal | Monument National |
Montréal | Société des Arts Technologiques (SAT) |
Montréal | Corporation du Théâtre Outremont |
Montréal | ToHu, Cité des arts et du Cirque |
Québec | Musée de la Civilisation du Québec (MCQ) |
Rimouski | Coopérative de solidarité Paradis |
Rivière-du-Loup | Rivière-du-Loup en spectacles |
Rouyn-Noranda | Petit Théâtre du Vieux Noranda |
Saint-Camille | Le p’tit bonheur de Saint-Camille |
Sainte-Thérèse | Odyscène inc. |
Sept-Îles | Sept-iles Salle Jean-Marc-Dion |
Sherbrooke | Centre culturel de l’Université de Sherbrooke |
St-Jean-sur-Richelieu | Société pour la promotion d’événements culturels du Haut-Richelieu |
Trois-Rivières | Espace Pauline-Julien (Culture Trois-Rivières) |
Victoriaville | Diffusion Momentum / Le Carré 150, espace culturel de Victoriaville |
À partir de janvier 2019, grâce au soutien du Ministère de la Culture et des Communications, la SAT met en place un programme de Bancs d’essais afin de développer l’expertise en téléprésence scénique des membres du réseau Scènes Ouvertes. Ceux-ci bénéficient alors d’un support financier et de l’accompagnement de la SAT pour développer des contenus sur mesure pour la téléprésence. Des résidences croisées entre les salles du réseau sont mises en place pour créer des oeuvres, performances et activités de médiation culturelle qui sont présentées devant différents publics.